Wednesday, 01 February 2012
Brésil : Du 17 au 21 mai 2010
Nous venons d'entrer dans le pays
où chaque morceau de terrain libre est marqué par deux cages de but, où le
football est la deuxième religion, nous venons d'entrer au Brésil.
Pour ne pas rouler sur nos pas
pendant près de mille kilomètres, nous décidons de traverser le sud du Brésil
en direction de l'Uruguay voisin d'où nous rallierons Buenos Aires, le terme de
notre voyage.
Depuis hier, il pleut. Une pluie
violente et continue qui ne nous laisse pas un moment de répit. Nous venons de
passer la frontière après une fouille méticuleuse du véhicule côté argentin,
beaucoup de marijuana circule entre les deux pays, et longuette côté Brésilien
car tous les bureaux ne se trouvent pas au poste frontière et le douanier, fort
sympathique du reste, part dans les rues de la ville avec notre dossier sous le
bras pour finaliser le passage et nous attendons son retour.
Ce passage de frontière, comme
tous les précédents n'apporte pas de réel changement dans le paysage de
collines boisées, de prairies et de petites parcelles cultivées. Nous
traversons des villages et villes aux maisons sans charme et cernées d'usines
et de scieries.
Nous progressons sur des routes
qui comme leurs homologues argentines sont tantôt moyennes, souvent mauvaises et
rarement bonnes, au milieu d'une horde de fous furieux du volant que rien
n'arrête, ni les panneaux d'interdiction de dépasser, ni les virages, ni les
sommets de côte, ni la pluie battante et le brouillard qu'ils traversent sans
allumer leurs feux et quand ils ne peuvent vraiment pas passer, ils vous
collent les fesses pour vous signifier leur agacement et qu'a trouver le
gouvernement pour remédier à ce problème, ‘je vous le donne Emile comme aurait
dit Coluche' : le Tope (ralentisseur ou dos d'âne). Ils fleurissent les
villages, villes et carrefours et comme ça ne suffit pas on leur allie
haricots, chicanes ou autres plots séparateurs de voies dans les endroits les
plus chauds. Dans ces conditions, à déjouer tous les pièges de la route,
naturels et artificiels votre attention doit être constante, pas une seconde de
relâchement. Heureusement qu'il n'y a pas grand-chose à voir.
Il faut attendre la région de Sao
Joaquim pour trouver quelque intérêt au paysage. La route s'élève doucement
jusqu'à mille cinq cents mètres. Nous traversons de petites forêts de pins aux
branches remontantes en forme de chandelier, croisons de petits troupeaux et
parcourons de grandes plantations de pommiers. Sur le bord de la route les
maisonnettes proposent à la vente gelée de pommes, confitures où autres salames
(grands saucissons) qui semblent être la spécialité du coin.
Sao Joaquim, la ville la plus
froide du Brésil. Il n'est pas rare qu'il y neige en juillet, au plus fort de
l'hiver de l'hémisphère sud et les
brésiliens viennent de loin pour se livrer à des batailles de boules de neige
et participer à des concours de
bonhommes de neige. Je me plante dans les rues de la ville dépourvue de
panneaux indicateurs et pour la deuxième fois au Brésil je me résous à demander
mon chemin aie aie...
La première fois j'avais essayé
d'obtenir des renseignements concernant le parc national de Sao Joaquim à
l'office du tourisme. Pendant dix minutes j'ai tenté de déchiffrer cette langue
où le son « dche » semblent être la base tellement il semble présent
dans tous les mots. Finalement j'avais renoncé et j'étais ressorti avec une
carte de la région mais sans les renseignements escomptés.
Aujourd'hui c'est pareil, je
pédale. Je guette les voyelles qui pourraient m'aiguiller et surtout les gestes de la main qui peuvent m'orienter et au bout
de cinq minutes je perce le mystère et comprend à peu près la direction à
suivre. Ces deux essais me décideront finalement à feinter la ville de Porto
Allègre et ses trois ou quatre millions d'habitants plus au sud...
Enfin sortis de la ville, nous
plongeons dans la descente la plus folle de notre parcours à travers le monde.
Pendant huit kilomètres nous parcourons une saignée à flanc de montagne avec
des pourcentages de près de vingt pour cent en première et le pied sur le frein,
nous frôlons la paroi ruisselante et sur notre gauche l'à-pic est vertigineux. Masya proposée aux photos, craque
et s'enfuie se réfugier sur la banquette arrière et Mathieu qui a pris sa place
mitraille la vallée mille cinq cents mètres plus bas. Impressionnant !
Nous avons maintenant rejoint la
côte atlantique et prenons un cap au sud au travers des rizières et des vastes
prairies. Le paysage défile sous la grisaille qui par moments s'écarte,
dévoilant quelques petits lacs
A l'approche de Porto Allègre que
nous voulons éviter, nous nous enfonçons dans la bande de terre coincée entre
l'atlantique et le lac dos Patos. Le paysage reste immuable. Il faut descendre
loin pour trouver les premières forêts de pins et longer des deux canaux qui abritent
une faune d'oiseaux et de rongeurs impressionnants par la taille, une sorte de
ragondins de la taille d'un beau cochon. Ils vivent en famille et broutent
paisiblement l'herbe en compagnie des vaches et des moutons.
A Jose do Norte, nous marquons une
halte avant de nous embarquer pour traverser l'estuaire qui nous sépare de Rio
Grande. Le village est paisible. Quelques bateaux de pêche attendent les beaux
jours pour reprendre la mer tandis que quelques taxis-carrioles attelées à de
petits chevaux attendent patiemment
l'arrivée des traversiers pour trouver à s'employer.
Une traversée rapide nous amène à
Rio Grande. Il reste quelques bâtiments coloniaux sur le front de mer mais nous
ne nous attardons pas et reprenons la route vers l'Uruguay que nous rejoignons
après une dernière nuit passée sur le bord de la route. |